Organisation contre l'impérialisme américain.

Chirac contre Bush ?
28/01/2004

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En anglais, on ne dit pas péter plus haut que son cul. On dit plutôt les Français savent tirer le meilleur parti du petit pouvoir qu'ils ont. Le compliment ­plutôt pincé ­ vient de Robert Kagan, un idéologue de la nouvelle posture impériale des Etats-Unis, rapporte, amusé, Le Temps. Premier visé par ce commentaire : Jacques Chirac. Le président français fait en effet feu de tout bois depuis septembre.

Les testostérones dans les veines de la France chiraquienne surprennent et agacent particulièrement les Américains, précise le quotidien suisse. En effet, la grande affaire de cet automne est la bataille de tranchées que la diplomatie française a menée, avec un certain succès, contre l'administration américaine au sujet de l'Irak. Jacques Chirac s'opposait depuis sept semaines à la volonté américaine de faire adopter par l'ONU une motion unique sur le contrôle et la destruction des armes irakiennes donnant à l'avance le feu vert pour une intervention militaire, note Le Temps.

L'infatigable Jacques Chirac


Or, à l'heure du vote de la résolution américaine au Conseil de sécurité, la France peut se réjouir d'avoir assoupli le texte initial proposé par les Etats-Unis. Le Financial Times apprécie tout particulièrement la modestie du ministre des Affaires étrangères, fidèle parmi les fidèles de Jacques Chirac. Dominique de Villepin a ainsi déclaré : Nous pensons que ce texte peut toujours être amélioré, mais il nous convient.


Selon le Financial Times, les Français peuvent s'enorgueillir pour trois raisons :


Premièrement, les Américains ont accepté de travailler dans le cadre de l'ONU. Deuxièmement, la France a convaincu les Etats-Unis que l'élimination des armes irakiennes de destruction massive était plus importante qu'un changement de régime en Irak. Enfin, Paris a réussi à faire passer son approche en deux temps, deux résolutions au lieu d'une, auprès de Washington.

Ce succès au saint des saints de la diplomatie mondiale vient couronner deux mois de suractivité diplomatique. Selon Le Temps, Jacques Chirac est infatigable, et il se multiplie aux quatre coins de la planète. Commencé au sommet de Johannesburg (en septembre), où il a exhorté les Américains à ratifier le protocole de Kyoto sur le réchauffement de la planète, son parcours diplomatique s'est poursuivi au Proche-Orient, où il a déclaré, tel de Gaulle : Cette région n'a pas besoin d'une guerre.

Réaliser les rêves de grandeur de la République


Enfin, à Bruxelles, Chirac, Européen convaincu à ses heures, a su sauvegarder les acquis de la politique agricole commune et, en passant, rabattre le caquet de Tony Blair. L'Allemagne, ajoute le quotidien suisse, semble fascinée par le retour de ce chantre d'une France légère et arrogante, qui n'hésite pas à snober ses engagements européens, quand Berlin, dans un style plus besogneux, aimerait faire mieux, mais n'y parvient pas.

Ce réveil diplomatique tient avant tout au pouvoir sans partage dont bénéficie aujourd'hui Jacques Chirac en France. Il est à la fois débarrassé de la cohabitation, qui l'a bridé pendant cinq ans, et n'est pas sous la pression d'une échéance électorale. Du coup, il peut s'employer à réaliser les rêves de grandeur et d'influence qui forment la tradition de la République et se rappeler au bon souvenir des Américains : l'Amérique redécouvre un pouvoir français qui lui rappelle étrangement le gaullisme.

Auteur :
Inconnu

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