Organisation contre l'impérialisme américain.

Choc au Venézuela !
11/05/2002

A la lumière des nombreux coups d'Etats soutenus par la CIA, la déclaration de GW Bush : Vous êtes soit avec nous soit contre nous ne révèle pas une politique anti-terroriste mais plutôt une attitude dominante à l'égard du reste du monde et plus particulièrement de l'élite élue des pays étrangers. Il semble que les seuls gouvernements que les USA reconnaissent et soutiennent sont ceux qui s'inclinent devant leurs intérêts politiques et économiques.

Ces dernières semaines, les sentencieuses tentatives de l'administration Bush pour rejeter les accusations de son implication dans le coup d'Etat raté au Venezuela pèsent peu face à la quantité de traces compromettantes laissées autour de ce crime. Ceux qui ont vécu le renversement du gouvernement chilien en 1973 peuvent confirmer que les mêmes techniques et tactiques utilisées par la CIA ont été réutilisées au Venezuela : utilisation de civils pour créer un désordre, rumeur sur un président devenu dictateur, la complicité d'un média contrôlé par une riche élite égoïste et l'utilisation des militaires pour initier le renversement.

Avant ce coup d'Etat bâclé, la situation au Venezuela ressemblait à celle d'une bouteille de vin ouverte dans une pièce avec un alcoolique notoire (la CIA) en espérant qu'il résisterait à l'irrésistible. Chavez, élu par une majorité écrasante, a ouvertement critiqué la guerre américaine en Afghanistan. Non seulement il essayait de redistribuer les richesses de son pays ( 80% de la population vit dans la pauvreté), mais il a aussi critiqué la politique "empoisonnée" du FMI aboutissant au pillage et à l'exploitation du tiers-monde. Pour revigorer l'économie vénézuélienne, Chavez a créé un impôt sur la fortune, a redistribué les terres inutilisées des riches aux pauvres et a diminué la production de pétrole tout en augmentant son prix, au dam de la pensée américaine nous avons droit à un pétrole bon marché Ce qui l'a définitivement perdu, c'est d'avoir essayé de ne pas suivre le diktat américain en refusant la privatisation du secteur public, ou comme l'a dit Colin Powel en dévoyant le libre marché démocratique préconisé par les USA. Plus directement, Larry Birns, directeur du Council on Hemispheric Affairs, peut aussi être révélateur de la politique étrangère des USA quand il explique que le rôle de l'amérique latine est d'être un vassal servant à fournir des matières premières, de la main d'oeuvre bon marché et des marchés pour le colosse du nord. Autrement dit, les USA ne tolèrent pas le développement indépendant et autonome des pays étrangers.

Au cours des prochaines semaines, d'autres informations viendront certainement révéler l'étendue de l'engagement américain dans cette abominable assaut contre la liberté et la démocratie. Aujourd'hui des liens ont été établis entre les conspirateurs et Otto Reich qui était directement impliqué dans le scandale Iran/Contra; Elliot Abrams connu pour son rôle dans le coup d'Etat de 1973 au Chili et pour son parrainage des escadrons de la mort en Argentine, Salvador, Honduras et Guatemala; et John Negroponte qui a été dûment informé au début de cette année de l'imminente action contre Chavez.

Des journalistes britanniques enquêtent actuellement sur les traces d'éventuels hommes de main et d'un support logistique de la marine américaine. Le support financier est entrain d'être remonté jusqu'au National Endowment for Democracy, une branche de la CIA utilisée pour des opérations secrètes à l'étranger qui, durant l'année dernière, a bizarrement quadruplé son aide à des différents groupes vénézuéliens, en incluant les 154 377 US$ donnés directement au dirigeant du parti du syndicat travailliste Carlos Ortega qui était un proche de ce roi d'un jour : Pedro Carmona.

Le fait que plusieurs conspirateurs et leur famille aient trouvé asile dans les bras accueillants des Etat-Unis s'oppose à la souscription des Etats-Unis à la charte IADC dont les clauses donnent mandat à ses membres pour défendre la démocratie contre ce type de coup d'Etat. Les Etats-Unis ont fauté non seulement en approuvant immédiatement (en quelques heures) la prise de pouvoir militaire illégitime de Carmona, mais aussi par leur volonté d'étouffer les critiques faites par l'organisation des états américains. Ainsi, pour ne pas perdre un instant dans la légitimation du nouveau gouvernement, l'ambassadeur Charles Shapiro a été vu accueillant et félicitant Carmona le lendemain en manifestant sourires et embrassades dans un état évident de satisfaction comme le rapportait des journaux vénézuéliens.

Ce que les conspirateurs ont mal évalués, c'est l'absolue détermination du peuple vénézuélien à se soulever et à défendre leur démocratie contre un fascisme qui ignore et piétine la volonté du plus grand nombre pour le bénéfice des grosses entreprises et des plus riches.

Le plus grand crime de Chavez aura été son indépendance d'esprit qui l'aura égaré en essayant de réformer une politique nationale injuste et imparfaite, devenant ainsi inacceptable à Washington. En clair, cela veut dire qu'il a osé placer les intérêts de son pauvre peuple au-dessus de l'intérêt des entreprises et des des fabricants de profit américains.

Il y aurait beaucoup à dire sur la vérité des paroles de Christian Perenti, professeur au nouveau collège de Californie, quand il décrit le Venezuela comme la seule véritable démocratie au monde, aujourd'hui parce qu'elle se bat pour réformer le capitalisme en un système plus sain et plus égalitaire. Il me semble que les Etats-Unis ont une leçon à retenir de ce coup d'Etat manqué au Venezuela en ce qui concerne les véritables sens et fonctionnement de la démocratie en regard du respect et de la défense des droits et de la volonté du peuple.

Source : YellowTimes.org

Auteur :
Doreen Miller

Retour