I. Proliférations
a) La prolifération de pays à pays
Le principe en est simple : un gouvernement qui possède des techniques, des matériaux ou des armes nucléaires décide, pour des raisons politiques le plus souvent, d'en faire partager d'autres pays alliés. On recensera au minimum quatre opérations de ce type : l'entente franco-israélienne, la russo-chinoise, la sino-pakistanaise, la canado-indienne, la franco-iranienne, l'israélo-africaine :
Ø La première est restée très secrète, on pense que le projet Jéricho I a débuté dans les années 50 et 60. La France aurait exporté des technologies nucléaires vers Israël et offert une large aide militaire.
Ø La Chine a acquis les premiers éléments d'une technologie nucléaire civile entre 1957 et 1959, dates ente lesquelles l'URSS l'a aidé à se développer. A partir du moment où les Soviétiques ont compris que cette aide aurait trop de chances de mener à des recherches militaires, ils ont rompu le protocole d'accord et ont rappelé leurs experts à Moscou. La période restant encore opaque, on ne sait pas quel était le niveau d'avancement du projet mais ce fut la base du programme militaire qui s'acheva en 1965 avec le premier essai grandeur réelle.
Ø A son tour, la Chine a aidé le Pakistan à se doter d'armes afin d'enfermer son ennemi, l'Inde, dans un véritable étau nucléaire.
Ø Le Canada a, quant à lui, exporté dans les années 60 exporté les différents modules d'un réacteur nucléaire civil pour alimenter l'Inde en électricité. Il a servi à fabriquer les matériaux de la première bombe de 1974.
Ø La France a suivit le même processus en vendant un réacteur nucléaire au Chah d'Iran, le programme de développement s'arrêta avec l'arrivée des mollahs puis repris par la suite.
Ø La dernière est la plus mystérieuse : pour des raisons inconnues, Israël aurait aidé l'Afrique du Sud à développer dans les années 80 un programme nucléaire. Il fut arrêté au début des années 90 par le démantèlement des armes construites.
On distingue donc deux niveaux de prolifération : le niveau primaire
: transfert d'un état qui a développé lui-même son programme à savoir les membres du Directoire nucléaire ( Etats-Unis, Royaume-Uni, France et URSS ) vers un pays qui ne la possédait pas ( Chine, Inde, Iran, Israël ) et le niveau secondaire
: d'un pays qui a été aidé vers encore un autre pays ( Afrique du Sud et Pakistan dans une certaine mesure ).
Parmi les motivations de ces pays, on notera le soucis d'acquérir une force de dissuasion ( Pakistan pour lutter contre l'influence indienne ), l'acquisition d'un poids diplomatique ( Israël ) ou un statut de puissance régionale ( Iran-Irak ).
Ces propos méritent d'être nuancé du fait de l'impossibilité quasi-totale de développer un programme ou d'acquérir des armes pour un état. Les essais nucléaires de l'Inde et du Pakistan semblent avoir définitivement mit fin à la dissémination et à la prolifération des programmes de développement. Tous les autres pays sont bloqués dans les rouages du TNP qui leur lient les mains dans le dos. Si un d'eux se décidait de lancer un projet ou de faire des essais nucléaires, il se verrait immédiatement mis au ban de la communauté internationale avec des fardeaux politiques, diplomatiques et des amendes à payer comme le prévoit ce traité. Or, le montant prohibitif de ces amendes permet de nous assurer que la très grande majorité de ces pays ne pourront pas payer. Le système est apparemment bouclé pour les Etats : la dissuasion de l'obtention d'armes nucléaires devrait être suffisante.
b) La prolifération illicite
Cette prolifération est beaucoup plus compliquée à déceler du fait de la discrétion qui l'accompagne. Les moyens de détection, de contrôle ou d'arrêt sont donc plus difficiles à déterminer.
Sur ces deux schéma est représenté l'armement nucléaire des pays possédants en janvier 2000: on remarque que la grande majorité des têtes ( ou ogives nucléaires ) est appelée Autres têtes
, c'est à dire des têtes qui ne sont pas conçues pour être vectorisées
ou qui ne sont pas placées sur des vecteurs. Ce sont elles qui sont la principale cible des trafics : il est plus difficile de s'emparer d'une tête stockée dans un hangar russe que de sortir d'un silo de missiles avec un ICBM de 15 mètres de hauteur dans sa valise…
La Russie apparaît comme la principale réserve d'armes nucléaires en tous genres, c'est d'ailleurs auprès d'elle que se fournissent les terroristes ; les filières partent presque toutes de ce pays dont le niveau de sécurité des installations est plus que douteux à mesure qu'on part vers l'Est. Les sites placés en Russie extrême-orientale sont les plus touchés : alcoolisme, salaires de misère quand ils sont versés, corruption… les raisons de se séparer sous le manteau de quelques matériaux radioactifs contre des dollars est des plus tentant. Pour l'ironie, ce sont notamment les Américains qui ont amené cet état de fait : en poussant l'URSS en déliquescence économique à toujours perfectionné son arsenal, elle a été une des raisons de l'effondrement du deuxième Grand. Aujourd'hui, ce sont les Etats-Unis qui versent de l'argent au gouvernement de M. Poutine pour payer convenablement ses scientifiques, mais les militaires, eux…
Voir la Banque Centrale des Etats-Unis verser de l'argent aux Communistes pour leur permettre d'éviter que les experts du nucléaire finissent chez Ben Laden – grand agent de la Maison Blanche quelques années auparavant – pourrait avoir de quoi faire sourire certains…
c) La prolifération civile
De nombreux secteurs des économies modernes ont besoin de différents matériaux à potentiel irradiant : la médecine, le bâtiment et la recherche utilisent chaque année des dizaines de kilogrammes de produits radioactifs : cobalt, césium et strontium en majorité… Dans une écrasante majorité des cas, ces transferts de matériaux font l'objet de déclarations à l'Etat et aucun risque n'est engagé dans les grands pays industrialisés. Néanmoins, les polices européennes procèdent de plus en plus à de fouilles qui mènent à la découverte de transports illicites et risqués de ces substances. En Europe de l'Est, on découvre de plus en plus de trafiquants qui passent par les Balkans et dont les marchandises arrivent sur le marché européen.
Ainsi, le soir du 8 décembre 2001, à Moscou, une prise record d'1 Kg 68 g d'Uranium 235 enrichi sous forme de barrettes – le gouvernement russe se refuse pour l'instant à tout commentaire sur le taux d'enrichissement dont dépend la possibilité d'en faire une bombe – a été effectué par la police locale. Ce lot devait être vendu pour 36 000 $ américains. ( La Russie contrôle mal ses stocks de produits radioactifs et d'armes chimiques in LE MONDE du 21.12.0). Pour information, il faut environ 10 Kg d'uranium enrichi à 80 % pour fabriquer une petite bombe.
Ces types de prolifération ne constituent pas un danger en soit hormis pour les personnes qui servent de transporteurs, il deviendrait inquiétant dans l'accumulation, si un groupe terroriste arrivait à amasser 20 Kg d'Uranium enrichi à 80 % ou 8 Kg de plutonium, ce sui serait suffisant pour construire une bombe thermonucléaire, restant toutefois à trouver les détonateurs aux mécanismes complexes et les autres éléments électroniques. Ce sont les filières qui sont intéressantes : à partir de la Russie, des terroristes pourraient parfaitement acheter de l'Uranium provenant des arsenaux corrompus, les autres éléments sont aussi disponibles dans le commerce russe ou peuvent être fabriqués par des anciens chercheurs soviétiques– compte tenu de leurs salaires versés par M. Poutine, on ne parle pas de rémunération mais de pitié – corrompus. Pour un millionnaire prêt à payer le prix – au minimum un demi-million de $ américains -, posséder une bombe atomique n'est qu'une question de temps et de secret.
L'étendue de ce trafic est néanmoins très intéressante : depuis 1993, l'AIEA a déclaré 600 transactions de ce genre mises à jour en huit ans. Ce chiffre est encore très sous-évalué pour deux raisons : pour qu'une transaction soit déclarée, il faut que le gouvernement reconnaisse le transfert, chose gênante pour certains pays qui refusent de les rendre publiques. Deuxièmement, on ne connaît que les chiffres des trafics démantelés, pas ceux qui ne l'ont pas été : le chiffre final des transactions est donc largement supérieur à 600 sur les huit années données.
d)La prolifération des missiles
Pour avoir une vrai force nucléaire, posséder un million d'ogive ne sera jamais suffisant si le pays ne possède pas un vecteur. Le vecteur a autant d'importance que la charge nucléaire dans la stratégie militaire.
La prolifération s'applique aussi aux vecteurs, rendant un grand service aux pays qui se procurent des ogives en leur permettant de viser des cibles éloignées.
Ainsi, on a vu l'URSS vendre des missiles à moyenne portée ( Frog 7 : 64 Km, Scud-B : 300 Km avec une charge de 500 -1 000 Kg ) à des pays comme L'Egypte, l'Irak, le Yémen, la Syrie et la Corée du Nord qui furent ces alliés de longue date. Ce même Irak a utilisé certains missiles à 1 000 Km de portée pendant la guerre du Golfe contre des cibles saoudiennes et israélienne… De leur côté, les Etats-Unis ont fourni à Israël des missiles Lance. La Chine a vendu aux Saoudiens des CSS-2 à longue portée ( 2 560 Km ) mais aussi des M 9 à la Syrie.
En plus de ces exportations, certains pays du Sud
ont commencé la fabrication de leurs propres armes – et commence à créer une vraie industrie de matériels de guerre dans le Tiers-Monde -, on peut citer les Irakiens ( missiles Al Hussein - qui porte bien son nom : il peut porter des charges chimiques… - et Al Abbas ), les Pakistanais, les Brésiliens – qui ont même leur propre satellite -, les Argentins ( missiles Prithvi et Agni )…
Pire, certains Etats ont mis en commun leurs efforts pour mettre au point des missiles de plus en plus meurtriers : le projet Condor rassemblait secrètement l'Argentine, l'Egypte et l'Irak. Grâce à la vigilance du MTCR ( Missile Technology control Regime qui rassemble les USA, la Russie, la France, le R-U et l'Allemagne dans la lutte contre la prolifération nucléaire et notamment balistique ), ce projet a été démantelé et leurs instigateurs réprimandés.
e)Une nouvelle prolifération d'état ?
Bien que ce risque soit inférieur au terroriste, on remarquera que certains pays ambitionnant d'obtenir la bombe se cachent de mois en moins. Ces dernières années, des bruits de couloirs emplissent les palais de la République nipponne : une certaine élite politico-économique se plaint de plus en plus de se voir refuser les atours diplomatiques et politiques – notamment le droit de veto à l'ONU – dont disposent les autres puissants. Deuxième économie dans le monde, le Japon ne comprends pas pourquoi, après cinquante ans de pacifique entente avec ses partenaires, elle ne pourrait pas se débarrasser des carcans poussiéreux de Pearl Harbour. Après tous, les Américains en ont bien fait un film où l'on pourrait croire qu'ils ont été les grands vainqueurs confiait à mots couverts un responsable d'ambassade. Il n'est évidemment aucun doute à avoir sur la capacité de développement d'un arsenal par le leader de l'Asie qui possède une dizaine de centrales nucléaire.
Une nouvelle donne pourrait ainsi apparaître, les japonais n'étant pas les seuls à avoir cette ambition : les Coréens et les Taiwanais font aussi comprendre cette même envie, ils ne peuvent pas à long terme être les spectateurs béats du développement de l'arsenal chinois. Pire, s'ils arrivaient à s'en doter, des alarmes retentiraient à Pékin : le surarmement serait de rigueur et qui suivrait alors la course ? l'Inde, grande rivale et éternelle seconde derrière sa concurrente. Une escalade est donc à craindre du lancement probable d'un nouveau projet en Asie: la même histoire pourrait se répéter, la Guerre Froide en Asie entre la Chine, le Pakistan d'un côté, le Japon et l'Inde. En attendant la Détente, nous allons peut être nous aussi, trembler une deuxième fois…
Un second risque est à prévoir : pour contrecarrer l'Inde, la Chine pourrait aider d'autres pays musulmans – comme elle l'a fait pour le Pakistan – à développer un arsenal nucléaire. On peut considérer néanmoins ce risque comme minime par rapport au japonais. Bien que le premier risque reste le terrorisme et celui des organisations d'individus, les structures étatiques peuvent toujours – si elles sont prêtes à en payer le prix – créer un certain désordre nucléaire. Avant de résoudre le problème du terrorisme, il faudrait aussi renforcer le système de prolifération d'état à été mais ce serait admettre que tout n'a pas été prévu pour.
Enfin, un nouveau facteur de risque très récent est né. Début décembre 2001, Bush dénonce l'ancien traité ABM qui limitait le nombre de système anti-missile à un pour chaque Grand : USA et URSS. Le risque ne vient pas de Poutine évidemment : la Russie est dans un tel état économique et social qu'elle a des affaires plus importantes à régler d'une part et que, d'autre part, en se joignant à la coalition anti-terroriste, elle aurait mauvais jeu de faire un scandale, d'autant plus qu'elle risquerait d'être encore mise à l'écart. Le vrai problème vient d'ailleurs : la Chine en pleine explosion démographique, économique et donc militaire pensera à augmenter démesurément son arsenal en se disant que si un missile n'atteignait pas sa cible, peut-être que le second réussira et si le second échoue, peut être un troisième… et ainsi de suite ; ceci sera d'autant plus dangereux que le système américain sera efficace et pourra contrer une attaque. Il se posera aussi un autre problème : le Royaume-Uni a accepté d'héberger sur son territoire des éléments de ce système alors qu'elle est censée aider l'Europe…
II ) Le terrorisme nucléaire
a)Comment ?
En matière de terrorisme nucléaire, on peut distinguer deux types de risques : les risques directs des risques indirects.
Les risques directs viendraient de l'obtention ou de la fabrication puis de l'utilisation d'une vraie bombe nucléaire - bombe sophistiquée déclenchant une véritable réaction en chaîne à l'échelle atomique - ou de l'utilisation d'une arme radiologique appelée parfois bombe sale
.
Ce deuxième type d'armes est plus facile à fabriquer : il s'agit là d'une quantité de matières nucléaire ( Uranium enrichi le plus souvent ) et d'un explosif classique ( TNT, Tritonal, C-4… tout est envisageable ) placés l'un à côté de l'autre. L'effet n'est pas celui d'une bombe atomique à proprement dit car il n'y aura pas fusion ou fission mais plutôt celui d'une semeuse de mort : en actionnant le détonateur, l'explosif va répandre dans l'air sous forme de petites particules l'uranium radioactif. Déplacées par le souffle de l'explosion et le vent, elles iront se loger dans les poumons des individus, sur les murs, dans l'eau des caniveaux… et va rendre le site radioactif.
Un des représentants de l'AIEA ( Agence Internationale de l'Energie Atomique ), M. Abel Gonzales a déclaré en octobre 2001* qu' Avec, par exemple, 100 g de substance radiologique , le nombre de personnes éventuellement contaminé – sans même parler de tuées - ne dépassera pas la centaine
. En connaissant la réputation désinformatrice de l'AIEA1, en ajoutant qu'il ne faudrait pas donner des idées à certains et en se remémorant les attentats récents du 11 Septembre, on peut multiplier honnêtement ce chiffre par deux ou trois pour obtenir un minima crédible. Ces déclarations sont aussi très vagues : de nombreux facteurs font varier le risque : la force du vent, la quantité d'explosifs utilisés, la résistance de la valise, la disposition des matériaux ainsi que leur degré d'enrichissement sont autant de paramètres qui pourraient faire varier le nombre de morts.
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*Le Monde daté du 19 octobre 2001 : Et si Ben Laden utilisait le nucléaire par Pierre Baum
1 Pour appuyer ces propos, je citerai deux déclarations de l'AIEA concernant l'explosion du réacteur de Tchernobyl en 1986. En mai 1991, elle annonçait que Tchernobyl n'avait eu aucun effet sanitaire sur les habitants des zones contaminées en dehors d'un stress important
puis en avril 1996, lors d'un de ses sommets à Vienne : Dans l'ensemble, l'impact sanitaire de Tchernobyl serait très modeste
. Or, en 1996, de grands cancérologues spécialistes de la thyroïde et certains médecins de l'O.M.C. ( qui avait aussi menti ) ont eu le courage d'admettre que Tchernobyl avait eu un effet désastreux sur les populations ukrainiennes, notamment les jeunes et les adolescent en pleine croissance : les cancers de cette glande ont augmenté vertigineusement de puis cette catastrophe. En 1995, on estimait à 1,5 millions, le nombre de personnes irradiées et risquant ou ayant contracté un cancer suite à l'accident.
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La volonté n'est pas ici directement du tuer mais plutôt d'attirer les médias sur la cause de ses terroristes. Le danger radioactif pour les humains est limité : à court terme des vomissements pour le pire même si, malheureusement, le risque de cancer n'est pas à écarter. Les dégâts seront matériels : il faudra amener des équipes de spécialistes formés à la décontamination pour dépolluer les surfaces des particules radioactives. Le temps pris par ces actions peut varier : entre un et cinq ans suivant la superficie polluée. Les coûts seront très élevés et les lieux inutilisables pour un moment. Moins chère, moins spectaculaire mais beaucoup plus insidieuse qu'une vraie bombe et elle pourrait convenir très bien pour une volonté d'affaiblir plutôt que de détruire.
Les risques indirects sont ceux qui incluent non pas l'utilisation d'une bombe mais d'une destruction d'un site nucléarisé par tous les moyens possibles : sabotage, explosion, détournement d'avions… Il n'est donc plus besoin de posséder une bombe thermonucléaire ou sale pour déclencher une explosion nucléaire : il suffit d'avoir à sa disposition un avion…
b)Exemples de risques directs et indirects
Le détournement d'avion ( indirect ): Le passé nous a appris que détourner un avion n'est pas si compliqué : le vol du DC d'UTA, l'avion détourné à Alger qui était censé détruire la Tour Eiffel… en sont un bien maigre échantillon. Un de ses avions dirigé habilement vers une centrale nucléaire française – le choix est vaste – peut parfaitement déclencher une explosion nucléaire à côte de laquelle Hiroshima paraîtrait bien inoffensive… Détourner aujourd'hui un avion est, malgré les mesures de sécurité en place, encore possible : l'avion qui a manqué d'être sérieusement abîmé sur l'Atlantique à la fin du mois de décembre 2001 en est la meilleure preuve : le risque zéro n'existe pas et les brèches sont nombreuses. Un essai inquiétant a été effectué par un journalise allemand quelques jours après l'annonce des mesures censées protéger le site de retraitement de La Hague : il a loué un avion de tourisme de petite taille et survolé la zone interdite à loisir tout en filmant la scène pendant plus de dix minutes avant d'être interrogé par le contrôle aérien. Espérons que les avions de chasse de l'armée française sauront réagir plus vite si un Boeing effectue la même manœuvre…
Le sabotage ( indirect ): Les sites nucléaires ne peuvent pas marcher tous seuls, il faut du personnel qui sera nécessairement amené à effectuer des manœuvres sur ces sites. D'autre part, on ne peut pas engager des presse-bouton qui n'auraient pas ou peu de connaissances sur le nucléaire : le risque d'incident deviendrait trop important. On est donc obligé d'engager un personnel qualifié auquel on doit donner toutes les commandes. Le risque est évident : plus cette personne connaîtra le site, plus elle sera en mesure d'occasionner de dégâts grâce au sabotage. On peut penser à placer un explosif dans le cœur du réacteur, à provoquer une réaction trop violente en enlevant le graphite – élément temporisateur de la réaction nucléaire – du réacteur, en sabotant le système de refroidissement… Toutes ces possibilités sont susceptibles de mener à la fusion du noyau et à l'explosion de la centrale, reste à savoir si le cercueil de béton armé ne fondra ou ne se fissurera pas sous l'effet de la chaleur, on assisterait alors à un second Tchernobyl.
La valise piégée ( direct ) : une bombe miniaturisée peut atteindre la taille d'un attaché-case ou celle d'un sac à dos. Elle apparaît comme la meilleure solution pour celui qui veut un effet dévastateur et médiatique : le fameux champignon
se produira. La contrepartie provient du prix et de la faisabilité : les technologies de miniaturisation ne sont pas à la portée de tous les terroristes. Une solution très risquée serait de voler dans les arsenaux nucléaires russes une bombe déjà miniaturisée mais ce risque est trop important pour que cela puisse se produire en temps normal. Une autre version moins vraisemblable serait de disperser d'un avion en vol des particules hautement radioactives sur des populations ; faudrait-il encore avoir cet avion et la capacité de survoler une zone densément habitée.
c)Qui ?
Les personnes ou groupes de personnes capables d'organiser des actes terroristes ne manquent pas : quelles que soient leurs motivations, et sous réserve de posséder un pactole ou des hommes de très haute qualification, un réseau terroriste pourrait déclencher un incident nucléaire. Les réseaux islamistes mis à jour par les incidents récents sont ceux auxquels ont peut penser. Certains experts craignent aussi les groupes fanatiques d'extrême droite actifs en Allemagne de l'Est où les problèmes économiques et sociaux alliés à une dénazification ratée ne font rien pour résoudre le problème. Même aux Etats-Unis, quelques heures après les attentats, certains experts pensaient parallèlement à Ben Laden et à ces mouvement politiques. Par ailleurs, Ben Laden a tenté le 11 septembre, selon toute vraisemblance, d'en tenter un sur une cible nucléarisée.
d)où
Peu de gens savent que le quatrième avion qui s'est écrasé le 11 septembre 2001 près de Pittsburgh n'avait pas pour cible la Maison-Blanche ou le Capitole comme on l'a prétendu un moment : il volait à une trop basse altitude, telle est la thèse de M. Gavin Cameron, universitaire britannique de l'Université de Salford (Manchester). Elle est accréditée par le fait qu'un des kamikazes -Mohammed Atta- avait demandé à ses instructeurs de vol de nombreux renseignement sur les centrales nucléaires et leur sécurité ( voir, entres autres, L'AIEA redoute la menace d'un superterrorisme
de Joëlle Stolz publié dans Le Monde daté du 03/11/2001). Après examen, on peut observer que le secteur censé être survolé recelait trois centrales nucléaires dont une est restée célèbre pour une fuite de matériaux radioactifs en mars 1979 : Three Mile Island.
Une centrale nucléaire les deux cibles auxquelles on peut directement penser : les mesures de sécurité de ces centrales prévoyaient effectivement la chute d'avion de tourisme d'une à cinq tonnes mais jamais celle d'un avion de ligne qui en pèse plus de 100 ! De plus, les centrales nucléaires ne sont rentables
que si elles contiennent des grappes
de réacteurs : les centrales françaises ont généralement trois ou quatre réacteurs placés l'un contre l'autre : si un réacteur lâche, la catastrophe sera évidente mais si deux, trois ou quatre fuient, le périmètre contaminé durablement augmentera proportionnellement. Le nuage radioactif dégagé par ces incidents sera lui aussi très dangereux : si le vent souffle en direction de Paris, 10 Millions de personnes devront être évacuées et cela en moins de quelques heures : impossible. Deux solutions sont envisageables : le silence total mais les médias comprendront vite la tromperie et le gouvernement aura vite fait d'âtre censuré. Deuxième solution - la plus probable -: demander aux franciliens de s'enfermer chez eux, de rendre étanche aux particules leurs appartements et d'attendre, ce qui aura pour effet de déclencher un vent de panique qui créera embouteillages, accidents et pillages en tous genres.
Faute ou volonté délibérée de ne pas bloquer la construction de ces centrales, cette omission des ingénieurs en charge de la construction des centrales nucléaires –de tous les pays- est aujourd'hui montrée du doigt par les instances de sécurité internationale du nucléaire.
Les piscines de refroidissement de la Hague – on refroidit avant de retraiter – ainsi que toutes les centrales de retraitement des déchets contiennent des quantités énormes de produits radioactifs en tout genre : césium, plutonium, uranium… et ces lieux sont placés dans des conditions de sécurités moindres que celles des centrales nucléaires : elles ne sont pas protégées par une chape de béton armé aussi épaisse. Si un Boeing 747 venait à s'écraser sur un lieu de stockage, la quantité de matériaux touchée serait beaucoup plous importante que celle d'un réacteur nucléaire.
Enfin, le plus dévastateur pour une attaque directe serait une grande ville, de préférence une capitale occidentale aux heures de pointes pour occasionner un nombre maximal de victimes. Les centres historiques seraient donc les plus visés : ils représentent dans l'esprit de certains la domination de l'Occident et en plus du symbole, ils ont une position centrale dans l'organisation spatiale des villes qui en font des lieux de densité de population assez importante.
III ) Solutions
a)Le concept de non-prolifération
La conscience d'un besoin de non-prolifération nucléaire naît en 1968 avec le Traité de Non-Prolifération ( T.N.P.), les gouvernements qui ont signé ce document se sont engagés à, si ce n'est arrêter, au moins limiter dans la mesure de leurs moyens, la diffusion du nucléaire militaire. Pour cela, ils avaient ne jamais livrer de technologies ou de matériaux nucléaires à usage militaire aux pays non-possédants. Ceux qui transgresseraient la règle seraient punis de l'opprobre politique et diplomatique des autres membres en complément d'une amende dont le tarif apparaît comme très dissuasif. Dans cet esprit, le TNP fut d'une efficacité redoutable : à ma connaissance, aucun transfert de matériaux ou de technologies militaires n'a été détecté dans ces conditions.
Malheureusement, l'idéalisme du TNP allait se fracasser sur la Science : il n'y a qu'un pas à franchir entre la prolifération nucléaire civile et le nucléaire militaire et ce pas ne représentait qu'une dizaine d'année pour des pays développés. La seconde limite était encore plus flagrante : tous les pays nucléaires n'avaient – et pour certains n'ont toujours – pas signé le TNP : la France n'y a adhéré qu'en 1995 ; Israël, le Pakistan et l'Inde pourtant en possession de l'arme nucléaire – sans s'être légalement déclaré – refusent toujours aujourd'hui d'apposer leur paraphe.
Quant à SALT I et II puis START I et II en attendant le III, ils ont parfaitement réalisé leurs buts mais uniquement pour les Etats-Unis et l'URSS devenue Russie. Les stocks ont certes fondu mais les risques de prolifération dangereuse avant 1990 ne provenaient pas vraiment d'eux : l'effort de ces traités a été flagrant mais est resté confiné aux deux Etats. On notera un effet peu recherché dans le démantèlement de ces milliers d'ogives : une fois mises à l'écart et stockée, elles deviennent une des cibles des fuites dans l'arsenal : certes le nombre d'armes a baissé mais les risques de prolifération ont quant même augmenté.
b) Des solutions militaires et politiques à réinventer
Aujourd'hui, nous sommes confrontés à une nouvelle donne nucléaire : le risque ne vient plus ou très peu des pays mais des groupes ou des organisations en tout genre qui pourraient mettre en danger l'ordre nucléaire. Les solutions énoncées au : I) 3) La Régulation ne peuvent donc logiquement pas être appliquée. On arrive au paradoxe -qui a tourné à l'anecdote- décrite par certains spécialistes : ce n'est pas parce que la France a la bombe atomique que les terroristes ne feront plus sauter le R.E.R.. Ainsi, la dissuasion ne s'applique aujourd'hui qu'à un niveau supérieur : celui des Etats, mais les rapports de force de niveau inférieur - à savoir les terroristes - ne sont pas encore en mesure d'être correctement gérés. Il faut donc réinventer des solutions.
En premier lieu, ces solutions devront être globales : on ne peut à une échelle nationale ou régionale – Europe, Etats-Unis…- prendre des mesures qui ne seront pas en mesure d'être appliquée dans le monde. Les Etats-Bandits ou Rogue States sont bien évidemment dans la ligne de mire, dans la mesure où l'on possède des preuves tangibles du fait qu'ils aident, soutiennent ou hébergent des organisations terroristes. Le problème de la souveraineté apparaît : bien que certains pays qui en ont les moyens n'en ont que faire, elle devra être prise en compte. On ne peut – moralement
- pas attaquer un pays sans raison valable, il faudra ici encore une caution morale ( ONU de préférence ) ainsi de préférence qu'une coalition d'aide militaire pour asseoir cette théorie. Avec la guerre menée en Afghanistan, on a ici un bon exemple de respects des lois internationales : l'ONU a donné son accord, l'OTAN aussi ( bien que le contraire aurait été surprenant ) et une coalition ( USA, R-U, France, Russie, Italie, Canada… avec même l'aval tacite de la Chine ) sont autant d'éléments qui peuvent légitimer l'action militaire. On retiendra donc l'obligation de solutions internationales ayant une vraie légitimité.
Les Etats cités plus haut sont le plus souvent des pays en voie de développement qui subissent déjà des sanctions économiques ou politique. Lorsqu'on est au banc des nations avec un embargo depuis dix ans, subir encore une autre sanction économique n'apparaît pas comme fatal. Il sera donc fait appel à la force militaire, seule coercition valable. Il se pose alors la question de la souveraineté des Etats. L'exemple afghan ou tchétchène montre que deux grandes puissances nucléaires peuvent se permettre d'attaquer un pays avec l'unique justification du terrorisme qui se suffit à elle-même. Dans des cas spéciaux, la souveraineté ne pèse pas lourd devant les canons de la première armée du monde, le problème est donc résolu pour lui. Néanmoins les autres pays se posent le même problème.
Bien que les terroristes s'attaquent en général aux Etats les plus forts qui représentent une hégémonie à leurs yeux, ils ont aussi des visées sur des capitales plus modestes : le GIA a bien embrasé la France en menant une campagne terroriste dans le métro il y a quelques années de cela. Tous les pays ne seront pas égaux : si la France ou l'Allemagne étaient visés, auraient-elles les moyens de se défendre sans l'appui total des américains ? Une alliance européenne sera une solution qu'il faudra exploiter au maximum mais il faut encore attendre, alors quelle solution ? L'OTAN est envisagée et serait a priori une des meilleures solutions : l'article 5 de ses textes prévoit de défendre un pays s'il était attaqué : en Afghanistan, ses effets furent très convaincants, bien que l'aval des Etats-Unis reste incontournable. Quand le plus fort peut presque tout se permettre, les puissances moyennes devront obligatoirement demander de l'aide ou s'allier et acquérir un pouvoir politico-diplomatique de premier plan : voici les deux solutions militaires au terrorisme et au problème de la souveraineté pour l'Europe.
b)L'adieu aux armes ?
Une grande partie des spécialistes ont compris que taper ne sert pas à grand-chose. Une anecdote assez amusante
que j'ai découvert sur un site Internet illustre parfaitement : Pour une bombe lancée sur un terroriste, une recrue de plus ira alimenter son armée. Caricatural mais efficace. Il est vrai qu'il ne sert à rien de bombarder les pays pauvres pour éradiquer le terrorisme : tuer Ben Laden ? Emprisonner le Mollah Omar ? et après ? On ne fait qu'entretenir la haine en appauvrissant les pays les plus pauvres. L'embargo sur l'Irak ne veut plus rien dire : on affame une population entière, on tue des enfants et Saddam mange toujours à sa faim dans son bunker. La stratégie du canon est superficielle et ne fonctionnera qu'à court terme. Les Etats-Unis sont en train d'élever au rang de martyr Ben Laden aux yeux d'une certaine partie du monde musulman : l'effet est exactement l'inverse que celui recherché. Il est exagéré de dire que la violence engendre la violence mais d'autres solutions devront être trouvées.
L'effort de développement d'un pays sera un élément de la lutte contre le fanatisme. Des études menées par l'ONU montrent, entre autres, qu'à mesure que les pays du Tiers-Monde se développent, le taux de natalité baisse et que la durée de vie s'allonge. On remarque un changement des mentalités, un développement culturel, une ouverture sur la différence qui permet d'accepter et de comprendre les autres. La pauvreté, si elle ne fait pas le lit de l'extrémisme, contribue en grande part à l'ignorance qui, elle mène à la folie meurtrière. Si les Etats-Unis s'engageaient dans une vraie politique de développement notamment culturel dans ces pays, ils gagneraient en crédit auprès des populations et auraient de moins en moins de chances de revoir les images qui l'ont marqué. L'isolationnisme et l'ignorance dont font part les Etats-Unis devant les pays qui ne les intéressent pas d'un point de vue économique est le premier des risques qu'ils encourent.
Malheureusement, le gouvernement Bush ne semble pas écouter ces recommandations : le seul intérêt qu'il a en tête est d'éliminer Al Qaida, de capturer Saddam, de mettre à genoux le Soudan ou la Somalie.
Messieurs de la Maison-Blanche, n'oubliez pas qu'un canon est parfois la pire des solutions à mettre en œuvre.
Auteur :
Dr Hustler
Une ville test, pourquoi pas ? par Hellway