Organisation contre l'impérialisme américain.

Les Seules Bonnes Bombes Sont Celles De L'Ouest
28/01/2004

Les armes de destruction massive sont devenues un terme fourre-tout suscitant la peur. Pourtant, les bombes conventionnelles ne tuent pas moins. Mais elles ont le mérite d'être acceptées par la communauté internationale, remarque le New Statesman.

Adversaires et défenseurs de la guerre contre l'Irak se retrouvent sur un point : les deux parties condamnent la production et l'usage d'armes biologiques et chimiques, constate le New Statesman. Personne ne tolère l'idée que Saddam Hussein en possède. Cette possibilité a même convaincu une majorité d'Américains et de Britanniques à soutenir la guerre. La recherche acharnée qui se poursuit pour trouver des armes de destruction massive en Irak est vivement critiquée. Mais le pourquoi de cet acharnement à trouver et à interdire ce type d'armes est laissé de côté, poursuit l'hebdomadaire britannique.

George W. Bush et Tony Blair n'ont pas créé la peur des armes biologiques et chimiques. Mais c'est sur cette crainte qu'ils ont construit leur argumentation pour aller en guerre sans le soutien de la communauté internationale et en se contentant de preuves médiocres. Chemin faisant, ils ont renforcé le contrôle international de l'armement. Un contrôle qui s'avère discriminatoire pour les pays pauvres et qui ne peut être maintenu que par le recours à la guerre.

Les armes biologiques et chimiques tuent d'une manière différente que les armes conventionnelles mais ne sont pas pour autant plus dangereuses, poursuit le New Statesman. Elles sont critiquées car elles sont invisibles, tuent de manière aveugle et provoquent une mort lente. Des caractéristiques pourtant partagées avec plusieurs armes conventionnelles. Les bombes à fragmentation, entre autres, sont à l'origine de beaucoup de souffrances et sont responsables de la mort de nombreux enfants.

L'exemple du Moyen-Orient est à cet égard éloquent. D'ailleurs, dans cette région, les armes biologiques et chimiques sont considérées comme le seul moyen de contrebalancer la puissance militaire et l'arsenal nucléaire d'Israël. Les bombes à fragmentation ne sont pas classées parmi les armes de destruction massive tout simplement parce qu'elles sont utilisées par les armées occidentales. De même, les machettes ne sont pas considérées comme une arme de destruction massive alors qu'elles ont tué 800 000 Rwandais en 1994, relève l'hebdomadaire.

On ne sait pas si Saddam Hussein avait réellement la capacité de déployer des armes chimiques en 45 minutes, en revanche les Etats-Unis peuvent déployer des armes nucléaires en 45 secondes, et, pour le moment, personne n'appelle à la guerre contre l'Amérique, ironise le New Statesman. La loi internationale tolère des régimes répressifs et dictatoriaux, mais interdit certaines armes sans s'interroger sur leur usage. Une bombe, conventionnelle ou non ne produit pas les mêmes pertes si elle est lancée dans un désert, sur une armée ennemie ou sur une ville. C'est sur ce point que les conventions et lois internationales devraient être revues et corrigées. Il ne s'agit pas de classifier les armes et d'en prohiber certaines, mais de légiférer sur leur usage. Les civils venant en tête des cibles à interdire. Mais, tant que l'armement est légal, les pays pauvres devraient avoir le droit de défendre leur territoire en fonction de leurs moyens financiers et de la manière la plus efficace, estime l'hebdomadaire.

Selon le New Statesman, l'interdiction des armes biologiques et chimiques ne sécurise en rien le monde. Elle signifie seulement que les dépenses militaires sont allouées à la production d'armes conventionnelles, vendues par ceux-là même qui contestent les armes biologiques et chimiques : France, Etats-Unis, Royaume-Uni… Et le magazine d'affirmer : Il n'y a pas de mauvaises armes mais de mauvais dirigeants. Le seul moyen de protéger les civils reste le respect de la vie humaine.

HSY

Auteur :
C.I.

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