Le 6 décembre 1975, le dictateur indonésien Suharto recevait à Jakarta le président des Etats-Unis Gerald Ford flanqué de son secrétaire d'Etat, Henry Kissinger. Après un tour d'horizon sur la situation politique du sud-est asiatique, Suharto interpellait ses visiteurs au sujet du Timor Oriental: "Nous demandons votre compréhension, si nous considérions nécessaire d'entreprendre une action rapide ou drastique". Sans se faire prier, le président Ford répondait à l'aide d'une formule dépourvue d'ambiguïté: "Nous comprendrons... Nous comprenons le problème et les intentions que vous avez". Toutefois, Kissinger faisait remarquer au général Suharto: "Vous vous rendez compte que l'utilisation d'armes américaines pourrait poser un problème". En dépit de ces réserves, Kissinger tenait à rassurer ensuite son interlocuteur: "Quoi que vous fassiez, c'est important que cela arrive rapidement... Si vous avez fait des plans, nous allons faire de notre mieux pour tenir tout le monde tranquille, jusqu'au retour à la maison du président". Car, poursuivait le secrétaire d'Etat, "Nous serons capables d'influencer les réactions en Amérique si, quoi qu'il arrive, ça se passe après notre retour... Toutefois, quoi que vous fassiez, nous essaierons d'agir de la meilleure façon possible".
Cette édifiante conversation, reproduite dans un document officiel secret du département d'Etat, qui vient tout juste d'être déclassifié, apporte la preuve du feu-vert donné par Washington au maître de Jakarta, pour envahir le Timor Oriental. Une "autorisation" que Ford et Kissinger ont toujours niée. L'invasion démarrera le 7 décembre 1975... le lendemain de cet entretien (...)
Auteur :
Amnistia.net
Le Syndrome De La Guerre Du Golfe par Acacio Pereira