Sept ans après l'assassinat de Yitzhak Rabin, la gauche israélienne tente de retrouver son âme représentée par ce pesronnage mythique, alors que la droite a recours à la popularité de l'ancien Premier ministre travailliste pour justifier son action musclée contre l'Autorité palestinienne.
Cent mille personnes ont participé dimanche soir à Tel-Aviv à une manifestation commémorant l'assassinat de Yitzhak Rabin, sur la grande place où il était tombé le 4 novembre 1995 sous les balles d'un extrémiste juif de droite opposé aux accords israélo-palestiniens dont il avait été l'artisan.
A cette occasion, le numéro un travailliste, l'ex-ministre de la Défense Binyamin Ben Eliezer, a déclaré que le départ mercredi des travaillistes du gouvernement d'union nationale du Premier ministre de droite Ariel Sharon consacrait "un retour à la voie de Rabin".
Au sein du gouvernement Sharon, la gauche s'était éloignée de ses propres objectifs, dont les accords d'Oslo (1993) sur l'autonomie palestinienne.
Evoquant la personnalité de M. Rabin, l'ex-ministre des Affaires étrangères Shimon Peres, figure de proue des travaillistes, a affirmé qu'Israël et les Palestiniens auraient été actuellement profondément impliqués dans l'application des accords de paix, si l'ancien Premier ministre n'avait pas été assassiné.
"S'il n'avait pas été assassiné, on aurait pu aboutir à la paix", a déclaré M. Peres à la radio. "Nous allons retourner (à la table de négociations). Il n'y a pas d'autre solution", a-t-il ajouté.
Depuis leur déroute électorale en février 2001, les travaillistes sont sur le déclin, les sondages leur prédisant une catastrophe aux urnes.
"Leur seule chance de survie est de remettre le parti sur pied en réaffirmant sa différence idéologique et de cesser les querelles de clans qui le démolissent", a déclaré Moshé Shahal, ancien ministre travailliste à la radio publique en faisant allusion aux primaires âpres qui doivent se tenir le 19 novembre.
De son côté, la droite affirme que si Yitzhak Rabin était vivant il aurait mené la même politique musclée à l'égard de l'Autorité palestinienne de Yasser Arafat.
M. Sharon affirmait récemment que si Rabin était confronté aux attaques anti-israéliennes menées par les Palestiniens, il aurait immédiatement suspendu l'application des accords d'Oslo.
"L'échec des accords d'Oslo n'a pas de lien avec l'absence de Rabin", a estimé aussi Uri Elitzur, un proche de l'ancien Premier ministre de droite Benjamin Netanyahu.
Pour sa part, l'analyste Avishai Margalit a fait valoir que Yitzhak Rabin "aurait été très dur contre le terrorisme mais il aurait offert (aux Palestiniens) un horizon politique". "Il n'aurait pas uniquement utilisé la force" contrairement à ce que fait Ariel Sharon, a-t-il souligné.
Lors de la manifestation de commémoration à Tel-Aviv, de nombreux participants brandissaient des pancartes portant des inscriptions telles que "La paix maintenant" et "Non à l'occupation" par Israël des territoires palestiniens.
Les messages de paix adressés à la foule par l'ex-président américain Bill Clinton, le président égyptien Hosni Moubarak et le roi Abdallah II de Jordanie témoignent encore de l'énorme respect dont Yitzhak Rabin jouit au sein de la communauté internationale.
Le dirigeant palestinien Yasser Arafat, qui avait signé avec M. Rabin la "paix des braves" et qui avait l'habitude de le surnommer "héros de la paix", a choisi pour sa part le silence, après plus de deux ans d'Intifada qui ont fait plus de 2.600 morts, en majorité palestiniens.
Auteur :
Dr Hustler
Quand l'Amérique Recrutait Des Officiers SS par Le Nouvel Observateur